Joel-Peter Witkin

La biennale de la Photographie d'Ostende tient à avertir les visiteurs que certaines images sont susceptibles de heurter leur sensibilité.

Aujourd'hui âgé de 83 ans, Joel-Peter Witkin raconte avoir été marqué par un accident de voiture dont il a été témoin dans son enfance et au cours duquel une petite fille a été décapitée. Son service militaire a également dû influencer son œuvre plutôt macabre : il était chargé de photographier des soldats qui se suicidaient ou mouraient accidentellement. Au début des années 1980, Witkin amorce son ascension dans le monde de l'art en exposant au Stedelijk Museum (Amsterdam), au Brooklyn Museum (New York) ainsi qu’au Guggenheim (Bilbao). En outre, son œuvre figure dans la collection permanente du MoMA (New York), du Victoria and Albert Museum (Londres) et du Getty Museum (Los Angeles). Aussi, au milieu des années 1990, le photographe a été propulsé sur le devant de la scène par le réalisateur de clips musicaux Mark Romanek, qui s'est notamment inspiré de son travail pour le clip légendaire du morceau « Closer » de Nine Inch Nails.

OEUVRE

Joel-Peter Witkin se consacre à la spiritualité et son influence sur le monde physique. L'artiste crée des scènes surréalistes à travers lesquelles il cherche à éliminer nos idées reçues sur la sexualité et la beauté physique. Witkin explore le désir dans le repoussant et le sacré dans le profane. La dualité complexe de la vie est pour lui contenue dans une sorte de démonstration éhontée de la difformité, et il travaille souvent avec des personnes que la société préfère ignorer. Il commence chaque image en esquissant ses idées sur papier et perfectionne ensuite chaque détail avant de sortir son appareil photo. Une fois la scène photographiée, il passe des heures dans sa chambre noire, où il gratte et travaille les négatifs afin d’obtenir une photo qui semble davantage avoir été faite que prise, à l'instar d'une peinture. Son attachement à l'iconographie traditionnelle de l'histoire de l'art (Witkin est un fervent admirateur de Picasso, Balthus, Goya, Velásquez et Miro) y est sans doute pour quelque chose.