Enfant, le photographe belge Karel Fonteyne passait beaucoup de temps dans la nature, ce qui a renforcé sa sensibilité innée pour le monde qui l’entoure, avec ses vibrations propres et ses dimensions immatérielles et impalpables. Toutefois, rien ne laissait présager à l’époque qu'il deviendrait photographe. Ce sont les œuvres littéraires sud-américaines de Borges, Marquez et Corthâzar qui lui ont ouvert les portes de la photographie. Après des études d’art à Anvers, Karel Fonteyne a entamé sa prolifique carrière de photographe. Il s’est fait connaître presque immédiatement en exposant au Musée des Beaux-Arts (Bruxelles) et au palais royal sur le Meir (Anvers). En 1980, il s’est installé en Italie, où il est entré dans le monde de la mode, sans devoir faire de compromis ! Avec son imagination fertile, et toujours une pointe d'humour, Karel Fonteyne a sorti la mode de son contexte conformiste et l'a insérée dans un nouvel univers narratif pour les besoins des magazines Vogue et Bazaar. Des créateurs émergents comme Martin Margiela, Dries Van Noten, Walter Van Beirendonck et Dirk Bikkembergs ont également fait appel à ses services à l'époque.
Karel Fonteyne est fasciné par tout ce qui est inexplicable, mystérieux, insaisissable. Le « trouble de la personnalité » est le sujet principal de son œuvre, notamment dans Tales of Silence, une série réalisée en 2014, pour laquelle il a travaillé pour la première fois en couleur. À noter : il y a peu de couleurs primaires dans la série, mais des tons bruns, gris, verts, etc. Chacun dans une atmosphère bien spécifique. Autre constante : les femmes se cachent, chacune à sa manière, afin d’attirer l'attention sur autre chose. Seulement, cet autre ne se dévoile jamais. Ce sont des récits de silence, de calme avant la tempête. Et à l’instar des contes de fées, on y trouve toujours une part de danger et d'aliénation. Karel Fonteyne n’a jamais été un photographe « rapide ». Ses photographies sont extrêmement élaborées, rien n'est ce qu'il paraît au premier abord, chaque composition est inattendue, il esquive l'évidence. Au vu de cette complexité, de l’utilisation des couleurs, des sujets traités, on pourrait qualifier Karel Fonteyne de photographe pictural.